Quoi de mieux que de se retrouver plongé complètement dans l'obscurité, assit bien confortablement dans les sièges du cinéma. Ça nous permettrait de profiter un peu de cette solitude que provoquait une salle de cinéma. De plus, la salle était bien loin d'être bondée. Une ou deux personnes seulement s'étaient intéressées au même film que nous. Et comme Kyôhei m'avait donné le droit de choisir le film qui me plaisait et comme j'avais songé à ne pas aller visionner un film populaire pour être un peu tranquille avec lui, j'avais opté pour un film étranger, dont j'ignore même le titre à vrai dire. L'affiche m'avait semblé assez intéressante et comme je m'étais douté que peu de personne songerait à aller le voir, j'avais sauté sur cette belle occasion. Et j'avais bien eu raison en fin de compte. Nous allions être un peu tranquille tous les deux, à profiter de la noirceur pour se rapprocher un peu plus.

Bien que des idées assez étranges fusionnaient dans mon esprit depuis notre entrée dans la salle, je préférait les laisser de côté. Je sais bien qu'il n'y a aucun risque d'être vu puisqu'il fait aussi noir que le fond d'un puis ici et qu'aux yeux des autres, nous n'étions simplement qu'un couple ordinaire comme tous les autres, mais me connaissant, je risquais fort bien de laisser m timidité refaire surface malgré tout ça. Déjà tout à l'heure dans le métro, malgré le peu de personnes qui s'y trouvaient, j'avais eu un moment de timidité intense lorsque Kyôhei s'était accroché brusquement à ma taille pour me rapprocher de lui. J'ignore ce qui lui a prit à ce moment là, mais j'avais tout de même réussit à apprécier ce geste malgré le rouge qui s'était quelque peu installé sur mes joues à cet instant là.

Je me tournais doucement vers Kyôhei en souriant légèrement, avant d'attraper sa main pour la serrer dans la mienne.

- J'espère que j'ai fais un bon choix en choisissant ce film. Ça serait dommage qu'il soit ennuyeux et que nous ayons payé pour un film comme ça.

J'appuyais doucement ma tête sur son épaule, portant mon regard sur les annonces qui défilaient sur le grand écran. Notre film principal devait sûrement être sur le point de commencer. On en aurait alors donc pour un bon 2 heures à être collés ainsi tous les deux, sans pouvoir ouvrir la bouche pour discuter, seulement à visionner un film dont on ignorait même le résumé.

Un petit sourire amusé naquit sur mes lèvres à la réponse de Kyôhei. Comme si j'allais réellement avoir besoin de sa protection pendant un film ! Quoi que ça pourrait toujours être plaisant de sentir ses bras réconfortants autour de mes épaules. Le film débuta finalement, nous plongeant littéralement dans le noir, sauf peut-être pour ce qui était de la faible lumière qui provenait de l'écran devant nous. J'essayais tant bien que mal de me concentrer sur le film, mais les caresses que Kyô infligeait sur ma main étaient bien loin de passer inaperçu sur mon corps. Un moyen très efficace pour me faire complètement oublier ce qui pouvait se passer dans le film. Et pourtant, je gardais mes yeux rivés sur l'écran, tâchant ainsi de calmer l'envie fort présente de poser mon regard sur Kyôhei pour l'inciter à aller plus loin.

Et lorsque sa tête se reposa de nouveau contre la mienne. Je me risquais un regard dans la salle, apercevant alors un couple devant nous qui me semblait bien loin d'apprécier le film eux aussi. J'aimais mieux ne pas penser à ce qu'ils pouvaient faire à quelques rangées de nous, mais leurs mouvements ne laissaient pas beaucoup place à une diversité côté imagination. Ça se voyait assez bien ce qu'ils tentaient de faire sans se faire apercevoir. Dommage pour eux, vu que je savais très bien et même que je voyais très bien ce qu'ils faisaient ensemble.

Je levais doucement la tête pour poser mon regard sur Kyôhei en souriant doucement. J'approchais doucement mes lèvres près de son oreille avant de lui murmurer faiblement et sur un ton assez amusant quelques mots.

- Tu crois que le couple devant nous sait que nous pouvons tout voir d'ici ?

Je laissais mon souffle se percuter quelques instants sur sa peau avant de finalement y déposer un léger baiser et me reculer par la suite pour venir reprendre une position un peu plus propice et confortable. Je devais avouer que voir ces deux tourtereaux s'amuser ainsi me donnait bien quelques idées. Mais je tenais tout de même à rester un peu plus réservé qu'eux, sachant dans quel genre d'endroit nous nous trouvions.

Je venais à peine de reprendre confortablement ma place, lorsque je sentis le souffle de Kyô venir se percuter contre mon oreille. Je ne pus m'empêcher de sourire, amusé par sa réplique. C'est vrai que pour un couple qui semblaient prendre du bon temps, ils étaient quand même assez silencieux. Ils devaient sûrement veiller à ne pas trop en faire pour ne pas qu'on les soupçonnes un peu trop. Dommage pour eux que ce soit déjà le cas. Je sentis alors la main de Kyô passer doucement sous mon t-shirt, m'arrachant une multitude de petits frissons qui parcoururent ma peau. Bien que l'endroit était loin de me plaire pour ce genre de petit jeu, mon corps se refusait de le repousser, avide d'encore plus de sensations.

Je fermais doucement les yeux, me déconnectant complètement de l'endroit où nous étions pour me concentrer davantage sur la douceur de ses lèvres qui torturaient mon cou, s'amusant d'une morsure, suivit par une caresse de sa langue. Je sentais déjà tous mes muscles se contractés sous l'effet du plaisir. Moi qui me voulait plutôt réservé ce soir, sachant que nous étions au cinéma, il était plutôt difficile de le faire vu la façon dont il était entrain de me faire perdre la tête sous toutes ces attentions. Je glissais doucement ma main le long de son dos, remontant ainsi jusqu'à sa nuque pour y laisser mes doigts frôler légèrement sa peau.

- Tu ne crois pas que cet endroit est un peu inapproprié pour ce genre de caresses ?

Et pourtant, la dernière chose que je voulais c'était qu'il s'arrête maintenant. Je voulais sentir encore et encore ses lèvres sur ma peau. En ce moment, je me fichais bien que quelqu'un puisse nous voir, c'était même le dernier de mes soucis. Du moment que je pouvais profiter de ce moment unique, je n'allais pas m'en empêcher pour les autres. Ma main quitta finalement sa nuque, profitant d'un petit espace pour venir se faufiler sur son torse et ainsi descendre jusqu'au niveau de sa ceinture. Je jouais avec le feu en ce moment, mais je n'avais aucunement l'intention de m'arrêter.

Bien que c'était loin d'être mon intention en lui posant cette question, mes paroles eurent pourtant l'effet contraire de ce que je souhaitais, le remettant ainsi à sa place et perdant de cette façon toute caresse agréable sur mon corps. Maintenant qu'il avait reprit sa place confortablement dans son siège, me délaissant complètement, je regrettais amèrement d'avoir ouvert la bouche. Je n'avais eu aucunement l'intention qu'il s'arrête et ce bien malgré mes convictions qui se refusaient de me laisser apporter au pays du plaisir dans un endroit pareil. J'aurais aimé me rattraper sur ce coup là, lui faire part du malentendu qui venait de se produire, mais je savais aussi que Kyôhei avait une certaine fierté et que maintenant que je le repoussais une deuxième fois, je venais sûrement d'atteindre le seuil critique de ce sentiment.

Je jetais un regard furtif dans sa direction, réalisant du même coup qu'il s'était plongé totalement dans le film, m'ignorant sûrement à présent. Je reportais donc mon attention sur l'écran, tâchant à mon tour de me concentrer à nouveau sur le film, mais peine perdu. Mon esprit ne cessait de revenir sur le moment qu'il venait de passer, s'imaginant même ce que ça aurait pu être si on avait poursuivit ce petit manège. Je me mordis légèrement la lèvre sentant mes joues rougir à cette pensée. Par chance que la salle était plongée dans le noir, mon teint rosé allait passer inaperçu aux yeux de Kyôhei.

Mon regard se porta une nouvelle fois en direction de ce dernier, avant que je ne baisse définitivement la tête. Je savais que je l'avais déçu en le repoussant ainsi. J'allais devoir lui demander pardon une fois que nous serions hors de cette salle. Après tout, je venais de freiner une envie qui était peut-être très présente de son côté aussi. Je poussais un léger soupir avant de porter mon attention de nouveau sur le film. Du moins, laissant plutôt cette impression, puisque mon esprit se mit à nouveau à dériver vers des pensées plutôt très éloigné du sujet principal qui se devait d'être le film à l'écran.

Mon esprit ne cessait de se torturer, cherchant milles et une raisons pour ne pas poser de gestes envers Kyôhei et ainsi éviter de subir un revers de la médaille. Maintenant que mes paroles l'avaient repoussés, je me doutais bien qu'aucun geste, même aussi explicite soit-il, ne pourrait y changer quoi que ce soit. Faut dire que je commençais légèrement à comprendre un peu le caractère de Kyôhei. Surtout maintenant que je passais complètement ma journée avec lui. Il fallait lui laisser un peu de temps pour digérer mes paroles, même si celles-ci avaient été interprétées d'une toute autre façon qu'elles ne devaient l'être. Au moins, cette erreur m'aura permis de comprendre que la prochaine fois, il vaut mieux pour moi de la fermer quand ce n'est pas le moment de parler pour rien dire.

Pour mon plus grand soulagement, le film prit bientôt fin, bien que je n'avais pas suivit la moitié de ce qui s'était passé durant tout ce temps, trop préoccupé par ce qui s'était passé plutôt. Je poussais un léger soupir de soulagement, relevant finalement la tête. Au moins, terminé ce moment délicat. Il était temps de passer à autre chose et peut-être même de se rattraper pour ma bêtise. Je tournais la tête vers Kyôhei pour le voir toujours assit confortablement, n'ayant pas bouger d'un poil depuis la dernière fois où mon regard s'était posé sur lui. Je me demandais si sa frustration avait un peu diminuée, s'il m'était à présent possible de lui parler sans avoir à en subir les conséquences.

Au moment où j'allais me risquer à lui parler, les lumières s'allumèrent et je me figeais quelque peu. Je ne pouvais tout de même pas lui laisser apparaître un visage déprimé. Il avait fait tant d'efforts durant toute la journée pour me faire plaisir. Il serait dommage que tout ça ne lui soit pas redevable maintenant. C'est pourquoi je laissais un sourire assez franc, à mon avis, se poser sur mes lèvres avant de m'adresser à lui.

- Finalement, il n'était pas si mal que ça le film.

Énorme mensonge, vu que j'ignorais de quoi en retournait le film, mais je ne voulais pas lui laisser paraître que je n'avais pu suivre le film à cause de ce qui s'était passé, que mon esprit s'était tourmenté durant tout ce temps.

- Maintenant, ça te dirait qu'on aille boire un verre quelque part ? Ou tu préfère rentrer tout de suite ?

Je souris doucement devant sa réponse, sachant que cette fois, c'était évident qu'on ne pourrait que passer un bon moment, sans anicroches. Du moins, je l'espère sincèrement. Il y avait bien assez eu de problèmes au cours de cette journée sans qu'un de plus vienne s'y rajouter. On se mit donc en route vers le bar qui était sensé se trouver pas très loin du cinéma. Bien que j'avais une envie folle de tenter quelques rapprochements en cours de route, je me retenais, ne sachant pas si j'avais ou non le droit de tenter quelque chose. Je voyais bien pourtant sur son visage que son expression n'était pas si rancunière qu'elle aurait dû l'être après l'avoir repoussé une nouvelle fois, mais je préférais tout de même laisser couler l'eau sous les ponts avant de tenter quoi que ce soit. Peut-être qu'une fois au bar, je pourrais toujours essayer quelques petits rapprochements, question de voir comment il réagira.

Comme Kyôhei l'avait prédit, on ne mit guère de temps avant d'arriver devant le bar et on y entra avant de s'asseoir à une table pour passer notre commande. Je n'étais pas très amateur d'alcool, mais ce soir, j'avais une petite envie passagère de me laisser aller un peu. Après tout, ça ne pourrait pas me faire de mal de boire un verre ou deux. De plus, il fallait bien profiter de l'offre généreuse de Kyôhei de m'offrir un verre. C'est pourquoi, comme la chose la plus simple au monde, je me commandais une bière, puis attendit que Kyôhei est passer sa commande lui aussi.

Une fois le serveur partit chercher ce qu'on lui avait demander, mon esprit se mit immédiatement à réfléchir à une façon d'amorcer ces rapprochements que je devais tenter. Bien entendu, on était dans un endroit très propice à ce genre de chose et sûrement que personne ne se rendrait compte de quoi que ce soit si jamais je tentais quelque chose avec Kyô. Mais il y avait toujours une barrière qui se dressait en moi, la barrière de la timidité. En privé et en public, c'était loin d'être la même chose côté personnalité pour moi.

Et pourtant, je laissais finalement de côté mes contradictions face aux gens qui pourraient nous voir et je levais les yeux vers Kyôhei en souriant légèrement. Il était temps de passer à l'attaque. Et bien que je pouvais m'attendre à n'importe quoi avec lui, j'espérais que tout irait bien.

- Je... Je voulais m'excuser pour tout à l'heure. Je... je n'ai jamais voulus te repousser, au contraire. Je crois juste que tu as mal interprété mes paroles et c'est de ma faute. J'aurais dû la fermer au lieu de sortir un truc aussi débile.

Mon sourire se fit beaucoup plus élargit à sa réponse. Il ne semblait plus m'en vouloir à voir comment il prenait les choses à présent. Et de plus, il laissait la faute retomber sur lui aussi pour ce qui s'était passé ce matin. Je pouvais vraiment m'attendre à n'importe quoi avec lui. Mais ça me plaisait bien, au moins de cette façon, chaque journée était à prendre avec de nouvelles surprises sur son caractère. Ça changeait du quotidien qu'on pouvait retrouver dans les couples normaux, de cette routine dont je suis certain que je me lasserais trop rapidement. Il me fallait toujours quelque chose de nouveau, même si ça ne devait qu'être une petite chose pour que ma journée soit miraculeusement agréable. Et avec tous les revers du caractère de Kyôhei, j'étais aux portes du paradis, même si cela devait dire faire face à beaucoup plus d'émotions que je ne pourrais en vivre dans une simple journée dites normale.

Le serveur refit rapidement, déposant notre commande sur la table avant de repartir aussi vite qu'il était arrivé. Kyô prit son verre le levant quelque peu avant de m'annoncer qu'à présent on était quittes tous les deux. Je le gratifiais d'un doux sourire, tout à fait d'accord avec lui avant de prendre mon verre en main moi aussi et d'en avaler une bonne gorgée. Le goût amer de la boisson s'empara rapidement de ma gorge et je retenais une grimace passagère, reposant mon verre sur la table. Voilà une raison pour laquelle je bois très rarement de l'alcool, je déteste le goût de celle-ci. Bien entendu, il n'y a pas seulement cette raison, faut dire que je ne tolère pas non plus beaucoup l'alcool, devenant rapidement pompette après un ou deux verre, mais pour ça, il suffisait d'être vigilant et savoir respecter mes limites.

Je jetais un regard autour de moi, réalisant qu'il y avait tout de même beaucoup de monde ce soir dans ce bar. On n'avait pas opter pour le bar le moins achalander du quartier. Mais peut-être que c'est mieux ainsi en fin de compte. Si jamais j'exerce quelques petits rapprochements discrets vers Kyôhei, ça risque de passer beaucoup plus inaperçu ici qu'ailleurs. Pensant à ce dernier, je revenais poser mon regard sur lui, réalisant que j'avais énormément de chance d'être avec quelqu'un comme lui. J'étais bien loin d'être très intéressant comparé à lui. C'est presque à ce demander ce qu'il fiche avec quelqu'un comme moi.

Je remarquai le regard que Mikio porta sur l'entourage. C'est vrai qu'il semblait plus hésitant quand on était en public. J'avais parfois un peu de mal à me dire que tout le monde ne supportait pas si facilement le jugement des autres. Mais je ne m'inquiétais pas, Mikio aura tout le temps de s'y faire, ou moi d'apprendre à me tenir correctement, enfin si je ne l'ai pas poussé à bout d'ici là, ce qui n'en était pas moins certain.. Voilà que je commençais à imaginer, plus ou moins, les jours à venir avec lui. Tout allait trop vite, mais je ne pouvais pas paniquer, j'aurais l'air de quoi ? Mais est-ce que laisser faire les choses ainsi jusqu'à ce qu'une fin aboutisse était une meilleure solution ? Et puis merde, je me posais bien trop de questions !

Je finis cul-sec mon verre et reportai mon attention sur Mikio. Il en pensait quoi lui, de tout ça ? Quelle idée s'était-il faite de moi ? Je n'osais pas croire qu'il ne pensait que du bien de moi, la chute en serait encore plus cruelle.. Peut être était-il temps d'arrêter de jouer au gentil, et d'être un peu plus naturel, pour qu'il commence à s'habituer à la vérité. J'essayais de me persuader que tout ceci n'était qu'un jeu. D'ailleurs, je m'y amusais beaucoup, mais cette fois, c'était différent de ce à quoi j'étais habitué. Ordinairement, les règles sont établies à la base, et il n'y a pas de conséquence. Là, la seule règle que je ne devais pas franchir, je l'avais bafouée, et je m'enfonçais de plus en plus dans ce que ma négligence avait crée. J'avais toujours su que je n'étais pas fait pour les relations durables, et pourtant ça me plaisait d'être avec Mikio. C'est ça qu'on appelle l'amour ? Moi je ne voulais pas m'enchaîner. Je tenais à ma liberté, mais je n'étais pas certain que Mikio soit du même avis que moi.. Pour tout simplifier, j'aurais du le renvoyer dès le début. Mais j'avais toujours aimé repousser mes limites, et jouer avec le feu ne me faisait pas peur.. Gare à la brûlure !

Je me dis que Mikio se sentirait peut être plus à l'aise si nous rentrions. J'attendis qu'il finisse son verre pour lui proposer. Je voulais toujours prendre mon mal en patience, mais comme toute chose, ma patience avait des limites, et je n'étais pas réputé pour être patient, et malgré tout, je faisais de gros efforts, ayant conscience de la timidité du jeune homme. J'estimai cependant que je lui laisser le temps, et la possibilité de venir vers moi. Je ne voulais pas croire que je devais faire encore le premier pas vers lui. Ca ne me dérangeait pas tant que ça de partager ma vie avec lui, tant qu'il acceptait mes caprices, et qu'il m'accordait beaucoup d'attention. Pas si simple bien sûr..

« On peut rentrer si tu préfères » lui proposai-je.

Je crois qu'après ça, je ne pouvais plus rien faire pour le mettre à l'aise, il ne me restait plus qu'à lui sauter dessus, mais je me l'avais interdit.. Je sentais qu'il hésitait, enfin j'espérais que c'était bien ça, mais il fallait qu'il aille jusqu'au bout de ses envies. Avec moi, il ne devait pas se retenir.

L'ambiance de l'endroit commençait légèrement à détendre mes muscles, compressés par la peur du jugement, ou bien peut-être était-ce seulement dû aux effets de l'alcool sur mon esprit. Quoi qu'il en soit, je commençais réellement à être un peu plus à l'aise depuis quelques instants. Je terminais mon verre, réalisant alors que Kyô avait terminé le sien depuis déjà plusieurs minutes. À se demander s'il n'avait pas déjà hâte de partir d'ici. Et la réponse à cette pensée se fit beaucoup plus rapide que je ne l'aurais cru lorsqu'il me proposa de rentrer. Bien qu'aux premiers abords, je n'aurais pas hésité, cette fois je voulais profiter encore un peu de cet instant d'aise qui s'était emparé de moi. Pour les rares fois où ça se produisait, je n'allais tout de même pas le gâcher en le stoppant aussi rapidement. C'est pourquoi je secouais doucement la tête en souriant.

- Non, je préfère rester encore un peu, peut-être le temps d'une bière ou deux encore, si tu n'y vois pas d'inconvénients bien sûr.

De plus, je voulais profiter un peu de cette soudaine disparition de ma timidité pour tenter de rattraper ce qui s'était passé plutôt au cinéma. J'avais besoin de prouver peut-être plus à moi-même qu'à lui, que je pouvais parfaitement laisser de côté la présence des autres personnes et me laisser seulement aller à ce que j'avais envie. Et c'est pourquoi, je ne me gênais pas pour faire signe au serveur de nous apporter deux nouvelles consommations. J'avais peut-être une limite à respecter en ce qui attrait à l'alcool, mais pour ce soir, je pouvais bien faire une petite exception. Ce n'est pas comme si je risquais quelque chose en compagnie de Kyôhei.

Attendant patiemment que notre commande arrive, je me risquais finalement un geste vers Kyôhei, posant ma main sur la sienne avant de lui sourire doucement. Ce n'est peut-être pas un très grand rapprochement, mais c'est tout de même un bon début.

- Ça te dirais après cette bière d'aller danser un peu ?

- Non, je préfère rester encore un peu, peut-être le temps d'une bière ou deux encore, si tu n'y vois pas d'inconvénients bien sûr.

Ca pour une surprise ! Je pensais lui épargner la foule, mais lui me demandait de rester. J'avais loupé un épisode ? Celui où Mikio perdait sa timidité ? A moins que ça ne soit l'effet de l'alcool. Si un verre le rendait déjà plus enhardi, c'est qu'il n'était pas habitué. Moi non plus je ne buvais pas beaucoup, je préfère être conscient de mes faits et gestes. Mais moi je n'irai pas plus loin qu'un autre verre, et le surveillerai aussi par la même occasion. Mais sa demande me fit sourire.

« D'accord, comme tu veux. Ca ne me dérange pas, au contraire »

Moi j'étais habitué aux lieux peuplés, où l'alcool et autre régnaient en maîtres. J'aimais ces endroits, je m'y sentais comme chez moi. De toute façon, Mikio lança la commande dans l'immédiat, et je me disais que même si j'avais préféré insister pour partir, il ne m'aurait pas écouté. Et après tout, je n'étais pas un modèle de raison !

Et alors que je me demandais s'il allait oser à présent un geste vers moi, puisqu'il semblait plus détendu, sa main se posa sur la mienne, délicate, comme s'il m'avait compris. Nous y étions enfin ! Je m'empressai de répondre à son geste en attrapant à mon tour ses doigts pour les entrelacer aux miens, comme pour l'inciter à continuer son entreprise. Je voulais qu'il dépasse ces limites qu'il s'imposait, avec moi en tout cas ! Pour ce qui était des autres, il pouvait garder sa retenue, c'était même mieux ! Egoïste un jour, égoïste toujours ; on se refait pas !

Puis le serveur ramena alors notre deuxième commande avant de repartir aussi vite. Et comme pour me surprendre un peu plus, Mikio reprit la parole

- Ça te dirait après cette bière d'aller danser un peu ?
« Et comment ! »

Un sourire joueur, des yeux noirs pétillant et profonds. Je crois que sa demande m'avait "réveillé". Je ne pouvais plus jouer le gentil ! Il y a toujours une limite à tout, et là j'étais à bout. Mikio avait fait le premier pas à deux reprises cette fois, j'allais donc pouvoir le faire à mon tour, j'avais eu ce que je voulais, encore. J'avais alors dans l'idée d'engloutir le plus vite possible ma boisson, mais en même temps, ce n'était pas la meilleur idée.. Aussi, je me contentai de boire à petites gorgées, mais sans trop traîner. Pendant ce temps, je ne détachais pas mes yeux de Mikio. Un regard bien différent de ce qu'il avait été tout au long de la journée. Un regard comme celui du premier jour au Shion.
Provocateur. Joueur.
La journée était presque finie. La soirée allait commencer.

Je ne pus empêcher mon coeur de sursauter doucement de bonheur à la réponse de Kyôhei. J'ignore pourquoi, mais il me pressait qu'on se retrouve tous les deux sur la piste à danser. À présent, tout ce qui se trouvait autour de nous s'était comme volatilisé à mes yeux, ne laissant à ma vision que celle de Kyô devant moi. Il n'y avait plus que lui qui existait à présent, comme si nous étions seul tous les deux dans ce bar. C'était loin d'être une mauvaise chose à mes yeux, ainsi adieu timidité oppressante qui ruine ma vie. Et comme l'envie de le sentir contre moi se faisait toujours plus insistante, je ne pris guère plus de temps qu'il ne le faut pour vider mon verre, réalisant seulement après fait que j'aurais peut-être dû y aller un peu plus mollo. Mais bon, maintenant que c'était fait, il ne me restait plus qu'à endurer les effets de l'alcool quelques heures avant qu'ils ne disparaissent.

Je souris doucement à Kyôhei, déposant mon verre sur la table avant de me lever de mon siège, ne lâchant point sa main pour l'entraîner avec moi sur la piste. Je fis guère attention à ceux qui nous entouraient, en bousculant peut-être même un ou deux au passage avant de m'arrêter au beau milieu de la piste. Je plongeais alors mon regard dans celui de Kyô, tout sourire aux lèvres avant de venir blottir mon corps contre le sien. Cette fois, il était hors de question que ce moment s'arrête au bout de quelques secondes, soit par une gaffe ou des paroles lancées au hasard. J'avais bien l'intention de le garder contre moi aussi longtemps que je le souhaiterais.

Je délaissais bientôt son regard, venant enfouir mon visage contre son cou en soupirant doucement d'aise. J'étais si bien installé ainsi dans ses bras. Je laissais mes lèvres venir caresser doucement la peau que m'offrait son cou avant de remonter doucement vers le lobe de son oreille que je me mis à mordiller doucement.

- J'ignore si je pourrais tenir encore très longtemps comme ça. Mon corps tout entier brûle d'impatience de s'unir avec toi.

À peine avais-je eu le temps de terminer mon doux murmure à son oreille, qu'il tourna la tête vers moi s'emparant de mes lèvres dans un baiser totalement ardent et tout à fait à mon goût en ce moment. Et bien que je venais à peine de le prévenir que mon désir ne saurait se retenir bien longtemps, je sentis ses doigts se faufiler sous mon t-shirt, laissant ainsi une traînée de petits frissons sur ma peau. J'en voulais tellement plus encore. Sentir ce désir monter en flèche une fois de plus. Nos lèvres se séparèrent bientôt et cette fois, les paroles de Kyôhei ou peut-être même ce ton torride qu'il avait employé, eurent un effet tout à fait efficace sur mon corps. J'allais devoir en endurer encore plus ? Et bien soit, j'étais prêt à tout ce soir, prêt à aller jusqu'au bout de mes envies les plus folles et le laisser faire ce qu'il souhaitait de moi, de mon corps. J'étais tout à lui en ce moment.

- Dans ce cas, je suis disposé à tout endurer ce soir. Fais de moi ce que tu as envie. Je suis totalement à toi.

Et comme pour venir confirmer mes dires, je rapprochais doucement mon visage du sien, effleurant à peine ses lèvres un court instant, avant de m'emparer passionnément. Je laissais mes mains venir se déposer derrière sa nuque, forçant ainsi pour que le baiser dure un peu plus longtemps. Ma langue se fit même un peu plus joueuse, venant taquiner ses lèvres avant de disparaître aussi rapidement qu'elle était arrivée, poursuivant ainsi ce petit manège jusqu'à ce que je la laisse venir briser la barrière de ses lèvres, rejoignant ainsi sa consœur pour approfondir un peu plus encore ce baiser.

Cette soirée allait vraiment être à marquée d'une croix rouge sur un calendrier. L'alcool que j'avais ingérer tout à l'heure faisait de moi le pire obsédé qui existe sur terre. Mais je devais avouer aimer cette sensation. Ça ne se reproduirait sûrement pas de sitôt alors, valait mieux que j'en profite pendant qu'il était temps. Montrer ainsi à Kyô que moi aussi je pouvais rechercher des rapprochements beaucoup plus explicites quand j'en avais envie.

Bien entendu, nous ne pouvions faire durer éternellement ce baiser et après quelques minutes, on ne pu qu'y mettre fin, mais tout cela après avoir bien fait monter un peu plus l'adrénaline du désir entre nous. Un petit sourire amusé, presque coquin se dessina sur mes lèvres lorsque Kyôhei prit la parole, mentionnant que je ne devrais pas boire comme je venais de le faire. Pourtant, moi ça me plaisait bien d'agir ainsi sans aucune retenue. C'était très différent de mon quotidien, de la façon dont je retenais chacun de mes mouvements par peur des jugements des autres sur mes actions. Pour une fois que je pouvais réellement faire ce qui me plaisait, il ne pouvait tout de même pas m'en vouloir.

- Tu n'aime pas mon petit côté coquin en ce moment ? Ne me dis pas que ça ne te plaît pas de me voir me consacrer seulement à toi sans penser aux autres. Parce que je pourrais très facilement te faire changer d'idées.

Je resserrais doucement mes mains autour de sa nuque sans effacer mon sourire. Il ne serait sûrement pas très difficile de lui faire oublier le fait que j'avais peut-être un peu trop bu. Quelques gestes bien placés ici et là et tout ne serait que vieux souvenirs. Cependant, j'oubliais rapidement mes pensées lorsque je sentis son bassin accentuer un peu plus ses mouvements contre le mien. Bien que j'aurais voulus retenir un peu plus mon soupir de satisfaction, celui-ci s'échappa de mes lèvres assez fortement sous la torture de ses lèvres dans mon cou. À ce rythme, je ne donnais pas cher de mon désir. J'allais finir par craquer et beaucoup plus rapidement que je ne l'aurais cru.

- Hm, Kyô...

J'avais tellement envie de lui en ce moment, envie de sentir nos deux corps s'unir une fois de plus. Cette journée n'avait fait que tâter un peu le sujet, mais en ce moment, nous étions en plein dans le vif de celui-ci. Il n'y avait plus aucune place, aucune raison pour que l'un de nous repousse l'autre. J'avais beaucoup trop envie de ses mains sur mon corps pour que ça puisse être le cas.

Je n'en pouvais plus, je voulais lui céder, même si cela revenait à dire que j'étais faible, que je ne pouvais me contrôler face à chacun de ses gestes. Mais j'en voulais tellement plus, je voulais que ce moment s'intensifie encore un peu, que nous en soyons rendu au point où aucun de nous deux ne pourrait se retenir. Et bien que je tentais de me retenir du mieux que je pouvais, le moment fatidique s'empara rapidement de moi lorsqu'il posa sa main sur ma nuque pour s'emparer de mes lèvres et que son autre main se mit en place pour caresser doucement mon entrejambe. Comment voulez-vous que je résiste à ça ? J'avais déjà l'esprit quelque peu en raison de l'alcool et ce que Kyôhei me faisait subir en ce moment, n'était en rien pour m'aider. C'est pourquoi au bout de quelques instants, je me reculais, mettais ainsi fin au baiser avant de plonger mon regard dans le sien.

- Je... Je n'en peux plus Kyô...

Je m'abandonnais aussi facilement à ses caresses. J'en voulais plus. Ces caresses n'étaient rien pour moi, seulement quelques petits gestes un peu trop provocateur pour mon corps. Et comme je savais que nous étions encore dans un endroit peuplé par beaucoup de gens et qu'il était tout de même hors de question que je puisse me laisser aller ici devant eux. Je me resserrais un peu plus contre lui, frôlant sensuellement mon corps contre le sien avant de lui sourire.

- Et si on rentrait pour poursuivre tout ça en privé ?

Je passais doucement ma langue sur mes lèvres, lui lançant du même coup un joli regard provocateur avant de me reculer doucement, quittant ainsi tout contact avec son corps. Je voulais jouer un peu, pas trop longtemps quand même, car je ne voulais pas non plus subir un autre revers aujourd'hui. Mais quelques instants seulement à le torturer lui aussi.

- Hm, j'imagine déjà tes mains parcourir mon corps doucement, me tirant de délicieux gémissements de plaisir.

Et comme pour confirmer le tout, je laissais mes mains remonter doucement sous mon t-shirt, remontant légèrement ce dernier alors que je laissais un soupir d'aise franchir mes lèvres. Peut-être qu'il avait raison finalement, l'alcool n'était réellement pas conseiller pour moi.

Alors que je venais à peine de commencer mon petit manège, je sentis Kyôhei m'entraîner à sa suite pour quitter précipitamment le bar. Finalement, peut-être avais-je réussis à faire tomber le rideau de son désir plus vite que je ne le croyais. Une fois rendu à l'extérieur, je poussais un léger soupir, sentant l'air un peu plus frais venir se frapper contre mon visage. Ça faisait du bien, faut l'avouer. C'est à ce moment que je remarquais la pluie qui s'abattait sur la ville. On n'avait réellement pas de chance ce soir. Après une si belle journée, pourquoi nous envoyer cette fichue pluie, surtout qu'on n'avait aucun moyen de transport en ce moment. Pourtant, cela ne sembla point gêner Kyôhei, puisqu'il m'embrassa une dernière fois avant de m'entraîner dans une course folle à travers les rues de la ville.

J'avais vraiment hâte que nous arrivions pour deux raisons bien évidentes. La première, parce que je sentais déjà mes vêtements s'imprégner de toute cette pluie et la deuxième, parce que je sentais l'envie pressante de me retrouver seul avec Kyôhei dans son loft. Je savais que le reste de la nuit ne serait que pure merveille après ce que nous avions entamer dans le bar.

On arriva bientôt en vue d'un endroit un peu plus au sec et Kyô s'empressa de me pousser contre le mur avant de passer ses mains sous mon t-shirt, m'arrachant un doux gémissement de plaisir. Je fermais les yeux, laissant cette onde de chaleur gagner peu à peu le bas de mon ventre. Mais tout cela fut très rapidement terminé, lorsque je le sentis s'arrêter tout aussi vite que cela avait commencer pour m'entraîner de nouveau sous le battant de la pluie.

Je suivais tant bien que mal Kyôhei dans sa course effrénée, tâchant de ne pas être un poids et ainsi retarder notre arrivée. Ce qui d'ailleurs ne fut pas très long lorsque j'aperçus enfin le décor familier de la rue où se situait le loft de celui-ci. Encore quelques minutes et nous allions être au sec. Je rattrapais donc ma course, bien décidé à arriver le plus vite possible. Et une fois devant chez lui, on entra rapidement dans l'immeuble et je poussais un long soupir de plaisir, reprenant peu à peu mon souffle.

- On a vraiment... été idiot de courir ainsi... sous la pluie... On aurait dû prendre... un taxi pour rentrer.